Sortir de la sidération

Sortir de la sidération

« Je n’ai pas pu réagir.
Je n’ai pas pu répondre.
Je n’ai pas pu me défendre.
Je suis sans voix. »

Des ressentis éprouvés et exprimés par tant de personnes dans un échange,
qui les mettent en grande difficulté dans la relation.
Cette paralysie qui rend frustré, handicapé, malheureux car stagnant dans la
blessure, je la nomme état de Sidération.
Elle trouve une racine double dans une absolue incompréhension et une totale
inertie.
La première a toute sa signification dans une grande sensibilité qui n’imagine
pas que l’on puisse dire quelque chose ainsi, que l’on puisse le penser, qui est
si différente de ce que l’on pourrait faire ou émettre, qui a tous les traits dans
ses mots et ses manières, de l’agression ou de l’attaque voire de la
malveillance. La répartie est bloquée parce que ce qui est dit n’est pas
forcément réel ou pas obligatoire à être exprimé. On se trouve devant quelque
chose que l’on ne ferait pas soi-même, un procédé qu’il ne nous convient pas
d’utiliser, en conflit avec son moi.
Et le souffle est coupé.
La deuxième prolonge l’état de sidération en nous rendant souffrant muet,
parfois recroquevillé autour du coup de poing et quelques fois juste absent de
réponse, utilisant le masque du sourire, de celui qui n’a pas entendu, ou de la
complaisance niaise. Mais l’infection de la blessure se propage lentement à
l’intérieur et se transforme en guerre lente contre soi-même.
Pourquoi suis-je incapable de réagir ? Le noyau infectieux peut alors devenir
rancoeur contre l’autre et colère contre soi-même qui confrontent d’agressivité
rentrée et peut nous pousser à fuir, se terrer avec une confiance en soi altérée.
Il importe de découvrir et d’apprendre des moyens de cerner, de sérier, de trier
et de ranger toutes les choses au bon endroit.
L’agressivité de l’autre n’est pas la nôtre, elle lui appartient, pour des raisons
qui sont les siennes.
Son besoin de dire est aussi le sien, il existe des façons d’absorber sans
exporter.
Mais il y a nous-mêmes, le meilleur terrain d’apprentissage, de travail et
d’évolution.
Qu’offrons nous de nous pour être deviné bon réceptacle au commentaire
disgracieux ?
Comment répondre un peu sans transgresser la valeur de communication qui
fait notre personne ?
Comment diminuer l’intensité du mal en rendant le commentaire mal fait
intéressant, interpellant ?
Comment ranger l’affaire dans les bons tiroirs, ceux qui peuvent s’ouvrir et se
fermer et ceux qui méritent une clef ?
Le décodage est évidement possible et formateur de meilleur.