Le vieillissement

Le vieillissement

S’il est admis que le processus de vieillissement est une confrontation à
l’inéluctable, un parcours obligé, il est possible de l’envisager avec moins
d’angoisse, plus de conscience active, d’en faire un Art.
La force de l’ancrage au présent est une nécessité pour vivre sa cohérence.
Parmi les paramètres énergisants qui permettent d’accepter et de valoriser un
état confrontant, posant question, l’effacement intelligent, pondéré, en est un.
Il a le pouvoir de contribuer à la continuité de la mission du transmettre.
L’un ne se fait pas sans l’autre, puise sa vigueur grâce à l’autre.
Si je deviens plus âgé c’est que j’ai déjà eu du temps, plus que ceux qui le sont
moins. Mon temps, le mien si précieux et qui m’est nécessaire, peut devenir
une chance de l’avoir eu, un avantage, un apaisement, qui me fait savourer
chaque moment de plus et prendre celui d’observer ceux qui sont en pleine
vitesse et les acteurs principaux sur la scène du temps de maintenant.
Se reposer d’avoir transmis, prendre la saveur ludique de sa part
effacée, invisible mais là !
Oublier le premier rôle et travailler à peaufiner l’excellence du second, celui qui
nous donnera l’Oscar ou le César du meilleur.
Auparavant le qualificatif de Sage était plus utilisé et semble avoir cédé un peu
de sa place à celui de Serein. Sans doute dans une période où le stress est
devenu une entité omniprésente et responsable de dérapages et de maux, où
nous prenons conscience de l’infinité de paramètres extérieurs et de possibles
qui forment une plateforme d’aides potentielles, la qualité de la Sérénité nous
parle davantage et représente plus.
Elle parle autrement de la manière d’accepter le temps qui est passé et de
vivre la pleine conscience de celui qui est et qui reste.
Chaque chose en son temps et il y a un temps pour tout.
Il existe de nombreuses manières de mesurer celui qui reste sans courir
derrières des fantômes et pleinement actif et à sa bonne place.
Cette aisance se découvre, s’apprend et se travaille.
Elle transforme la peur en défi.
Si elle permet de continuer d’être acteur de sa vie, elle permet aussi de
contribuer à l’épanouissement de celle des autres, en exemple, en retrait
parfois assumé présent.
Elle favorise aussi l’harmonie familiale et sociale. Certains enfants adultes,
comme certains jeunes aussi dans l’épanouissement de leurs responsabilités
d’adultes, peinent à trouver leur place dans un duo générationnel non équilibré
et les conflits ou le mutisme se créent dans l’impuissance, la non
reconnaissance, l’étouffement. Ils en souffrent et cherchent de l’aide.
Si nous avons transmis notre meilleur, nous devons y ajouter celui-ci, la
confiance en l’art de vieillir bien et l’œuvre devient commune, prête pour les
temps plus difficiles, avec respect.